— Le fait d'être connu représente une joie parce que l'on constate qu'on est lu, conclut Leloup. Cela prouve qu'on ne s'est pas trompé et que le travail livré est bien fait, mais on ne doit pas se monter la tête. Tout artiste aime être soutenu, mais c'est dans la solitude qu'il développe ses dons. J'évite d'aller à des séances de dédicaces car, pendant ce temps, ma page reste blanche. Le dessin que j'offre à une personne particulière prive toutes les autres d'une petite part des futures aventures de Yoko. Certains de mes collègues sont si souvent en déplacement qu'on se demande quand ils ont encore réellement le temps de dessiner. Même en ne sortant guère, je suis déjà trop souvent sollicité à mes yeux, car j'aimerais me consacrer entièrement à l'élaboration des récits. C'est pourquoi j'aimerais demander à tous mes amis d'aimer Yoko pour ce qu'elle est et d'attendre avec patience son prochain album en m'accordant le temps de l'élaborer. Elle reste, pour moi, un personnage de papier et elle doit communiquer à travers celui-ci avec toutes les personnes qui partagent son idéal. Elle ne me parlera jamais, mais je sais qu'à travers elle, j'offre aux autres l'émotion et la poésie qui sont en moi. Laissez-moi le temps de les exprimer.
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Roger Leloup avec le Colibri Photo : Daniel Fouss |