Je m'étais dit que c'était un petit personnage complémentaire qui allégerait le côté technique. Puis, je me suis rendu compte que les enfants s'identifiaient à elle et elle a commencé à véritablement exister. Sa grande sœur Khâny s'humanise à travers les périls vécus avec Yoko et l'amitié qu'elles échangent. Elle laisse couler ici ses premières larmes en reconnaissant dans la voix de la mémoire de Vinéa celle de son père. C'est une émotion que j'ai profondément ressentie en l'introduisant dans mon scénario. J'avais enregistré la voix de ma grand-mère et, lorsque je l'écoutais alors qu'elle n'était plus là, cela me faisait toujours quelque chose. Elle était morte, mais la voix restait..."

Roger Leloup s'efforce de faire en sorte que ses histoires se terminent toujours mieux que dans la réalité et apportent de l'espoir à ceux qui les vivent. Khâny et Poky auront ensuite la surprise de retrouver leur mère dans une cellule de survie. Ces retrouvailles après des délais variables d'état de vie suspendue offrent un paradoxe graphique et temporel assez piquant puisque la mère a physiquement le même âge que sa fille Khâny, laquelle se trouve de quinze ans plus âgée que sa sœur jumelle Poky restée tout ce temps en hibernation!...
Derrière la rigueur des évocations techniques se cache un indéniable côté fleur bleue. Les sentiments de l'artiste se reflètent de plus en plus dans ce qu'il imagine. Après ces messages et disparus venus du passé, il va ramener Yoko sur terre pour lui permettre de transformer le destin d'une petite fille grièvement blessée dans le bombardement de Rothenburg, le 31 mars 1945... Nous évoquerons cet étonnant défi dans le prochain dossier.
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