Leloup posant avec l'album. |
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Au retour, j'en ai parlé à ma femme, et ma fille, qui nous écoutait à l'arrière de la voiture, s'est enquise : “Pourquoi elle est morte, la petite fille de Rothenburg?” J'ai essayé de lui expliquer que c'était la guerre, mais, trois kilomètres plus loin sur l'autoroute, elle a répété sa question : “Pourquoi elle est morte, la petite fille de Rothenburg? On est os quand on est mort?” “Mais non, Annick, non, elle est au ciel!”, ai-je répondu, mais je sentais bien que cette affirmation ne résolvait rien. Je racontais des histoires et cela me tracassait, car j'avais toujours sa réaction en tête. La découverte de la mort de cette enfant me bouleversait, comme si c'était la mienne. A notre retour à la maison, elle a encore répété sa question et j'ai eu envie de ressusciter la petite fille de Rothenburg... Tout est parti de là. J'ai pu ainsi rassurer ma fille, mais il y a au cimetière de la ville une tombe avec une petite croix. Personne ne vient jamais prier dessus, parce qu'il n'y a plus de famille, plus rien... Et par la magie de la bande dessinée, j'ai essayé de faire revivre cette enfant avec un crayon dans le cœur, mais, hélas, ça ne s'est pas terminé dans la vie comme je l'ai raconté.
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